Nouveau moment de solitude [pv]

Le bateau avait quitté le camp depuis quelques jours déjà. Quelques jours, et c'était déjà trop pour Sarah. Elle ne supportait pas plus de rester sur le bateau que dans le camp, c'était peut-être même pire ici, pourquoi ? Elle ne le savait pas elle-même, en tous les cas, c'était trop long, les jours s'étaient étirés, il lui semblait que c'était plus d'une semaine qu'elle avait déjà passé ici, et pourtant non, ce n'était que quelques jours. Elle passait le plus clair de son temps enfermé dans sa cabine qu'elle partageait avec une certaine Hayden, qu'elle ne connaissait même pas, juste de nom et de vue. Elles ne se parlaient jamais, enfin c'est vrai que Sarah ne parlait jamais en fait, mais là c'était encore pire car sa "colocataire" semblait pareille qu'elle. Donc aucun bavardage, rien ! Même pas un petit bonjour le matin ou un au revoir le soir, c'était limite si elle se croisait en fait. Sarah restait tout le temps dans sa chambre alors...Elle n'avait pas revu Emily depuis que le bateau avait quitté le camp, elle n'avait pas essayé en fait, il fallait avouer qu'elle lui en voulait un peu. En effet, à son arrivée dans leur "maison", Emily lui avait sautée dans les bras et elle lui avait demandé comment elle allait. En constatant le peu de mots qu'avaient prononcés Sarah, Emily avait fini par lui dire des choses...à propos de sa mère, ce qui n'avait pas vraiment été du goût de Sarah qui était parti, après lui avoir soufflé un bref "Désolée". Pourquoi s'était-elle excusée au juste ? Peut-être qu'elle lui faisait du mal à elle aussi. Car Emily essayait par tous les moyens de la faire sortir de sa torpeur qui était à présent habituelle, mais d'une manière pas très "sympa" pour Sarah.

Ce jour-là, Sarah avait un short en jean, un débardeur noir et des chaussures à talons aiguilles de la même couleur. Elle s'ennuyait dans cette fichue cabine et elle décida d'aller prendre un peu l'air sur le pont du bateau. Elle espérait ainsi êtr seule, et paisible. Peut-être que personne ne se rendait là-bas car ils avaient le mal de mer ? Mouais, c'était tout de même peu probable, mais elle se mettrait seule dans un coin et personne n'aurait intérêt ou, peut-être, n'oserait venir la déranger, la deuxième solution était aussi très peu probable, mais autant espérer ! Elle sortit de sa cabine et, à l'aide de son plan qui avait été donné en début de croisière, elle réussit à trouver le chemin et par la même occasion, le pont. Coup de chance, il n'y avait personne ! Sarah était contente, comme ça, elle n'allait pas se faire déranger, ça c'était une bonne chose! Au bout de quelques minutes de marche, mine de rien sa cabine se trouvait loin du pont, elle arriva sur le pont, un vent frais secouait ses cheveux violemment et lui donnait des frissons, quelle idée de ne pas avoir pris de veste ! Elle posa ses mains sur ses deux bras pour essayer de se redonner un peu plus de chaleur, en vain. Bref, de toute façon, peu importe, elle alla s’asseoir dans un coin de mur, en espérant que personne ne pourrait la voir, mais surtout que personne ne viendrait la déranger dans son moment de solitude. Elle replia ses genoux vers sa poitrine et enroula ses bras autour, en quête d’un peu de chaleur.

[Wouah, je suis vraiment désolée, c'est très court. Désolée =S]

Sarah ne se rappelait plus vraiment de ce que lui avait dit les personnes qui organisaient ce petit "voyage" sur la mer, mais il lui semblait que ça durait deux semaines. Si c'était véritablement le cas, c'était trop, ce serait trop long et Sarah savait qu'elle ne le supporterait pas. C'était horrible de devoir rester enfermée dans sa cabine, enfin elle n'en était pas obligée, mais toutes les personnes qui la connaissent savent ou peuvent savoir qu'elle s'y sent obligée. Aujourd'hui, elle voulait faire autre chose que lire, ou quelque chose dans le genre. Elle ne voulait pas rester une minute de plus dans cette cabine, à vrai dire, elle ne voulait pas rester une minute de plus sur ce bateau, mais en y réfléchissant bien, elle n'avait pas vraiment le choix, elle devait rester et continuer sa longue promenade. Enfin, longue promenade, c'est une façon de parler, elle dirait plutôt le long chemin bien trop ennuyeux. Elle se rendit sur le pont, ça devait être le milieu de l'après-mdi, elle pensait donc que personne ne viendrait la déranger, c'était ce qu'elle pensait bien évidemment. Elle se mit dans un coin, pour être bien sûre que personne ne viendrait la déranger, dans un coin à l'ombre, pour ne pas avoir le soleil qui lui taperait sur le visage. Elle se laissa tomber le long du mur, ramena ses genoux vers elle, et enroula ses bras autour. Elle resta ainsi quelques minutes, les yeux fermés.

Ses yeux n'étant pas ouverts, elle n'aurait pas vu la personne qui était arrivé sur le pont, seulement s'il n'avait pas fait de bruit. Mais comment ne pas entendre quelqu'un courir sur un pont comme celui-ci ? Forcément toute personne se trouvant ici, pour l'instant seulement Sarah, l'avait entendu. La jeune fille, qui ne s'y attendait pas du tout, sursauta et se leva d'un bond. Lui aussi avait du l'entendre, obligatoirement, ses talons avaient du claquer sur le sol. Ses yeux étaient apeurés, elle se demandait qui était venu ici, sur le pont, et qui avait bien pu courire. Surement une simple personne du camp. Elle regarda le jeune homme qui était venu, elle le connaissait très bien. C'était il y a tellement longtemps...*Trévis*. Elle ne dit pas un mot, comme à son habitude, préférant le regarder en silence, elle lui en voulait toujour un peu. A l'époque,ils étaient sortis ensemble, et du jour au lendemain, Trévis était parti, ne laissant plus aucune trace de lui. N'y avait-il que des gens qu'elle connaissait sur ce bateau ? Le monde était-il aussi petit que ça ? D'abord Emily, puis Lewis, et maintenant Trévis. Qui allait-ce être après ?

Spoiler:

Pensant être seule sur le pont, Sarah ferma les yeux, recevoir de l’air frais sur le visage, faisait virevolter ses cheveux autour d’elle lui fit énormément de bien. Toutes ses peurs et ses craintes depuis qu’elle était montée à bord du bateau qui les éloignait du camp s’envolèrent tant elle se sentait bien ici. Il y avait bien longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi bien, aussi détendue, outre les instants qu’elle avait pu passé, il y a bien longtemps, avec sa famille réunie au complet, mais tout cela était ancien, vieux, et oublié. Enfin, pas oublié pour tout le monde, pas oublié du tout en fait, les souvenirs de sa mère explosant de rire à côté d’elle était certes très loin, mais toujours aussi ancré dans son visage, toujours aussi présent. Elle ne pouvait, et ne pourrait jamais oublié une telle chose. C’était du passé, elle tentait d’y penser le moins possible, mais quand elle se laissait emporter par les souvenirs, l’image de sa mère ne cessait de tenter de la faire couler un peu plus. Oui car elle était déjà très loin de sa véritable personnalité, elle n’était plus comme avant, elle avait totalement changé, et rien ne pourrait la faire revenir comme avant, elle en était persuadée.

Elle fut sortie de ses rêveries, ou plutôt de ses souvenirs en cascade, par des bruits de pas sur la ferraille du pont. Elle sursauta, se levant d’un bond. A présent, elle se maudissait de s’être laissé emporter dans le passé, c’était quelque chose qu’elle s’était promise de ne plus faire. Elle se concentra sur la personne qui se tenait devant elle, qui riait seule, étrange, pas tout à fait en fait. Tout ce qu’elle pouvait dire pour l’instant, c’est que c’était un jeune homme, elle ne le voyait que de dos. Il sembla entendre le bruit que firent les chaussures de Sarah car il se retourna, la fixant, il semblait surpris mais s’excusa en se rendant compte qu’il lui avait fait peur. Il semblait ne pas la reconnaître, vu qu’elle était dans l’ombre, et comme il se tenait dos au soleil, Sarah pouvait largement savoir qui elle avait en face d’elle. C’était Trévis, son ex qui était parti du jour au lendemain, une perte de plus pour Sarah. Elle lui en avait certes voulu, mais ça aussi c’était du passé, et elle tentait de ne plus y penser, elle l’avait aimé, c’était sûre, mais à présent, elle faisait en sorte de ne plus s’attacher à personne, de peur de le voir disparaître à son tour.

Peut-être reconnaissait-il sa silhouette ? Toujours est-il qu’il lui demanda s’il la connaissait, ne parlant pas, comme à son habitude, Sarah préféra avancer de quelques pas, plutôt que de dire quoi que ce soit. La lumière l’aveugla et elle ferma les yeux quelques instants. Puis elle les rouvrit, pour s’habituer à cette lumière aveuglante. Elle fixait Trévis, en quête d’une réaction quelconque de sa part. Que lui dirait-il de toute façon ?

Trévis ne cessait de fixer l’ombre de Sarah, qu’il ne pouvait pas encore reconnaître, il semblait légèrement impatient, mais surtout mécontent que la personne ne lui réponde pas quand il avait demandé s’ils se connaissaient. Mais c’était à peine si Sarah parlait à Emily, qui tentait de l’aider, alors pourquoi devrait-elle parlé à son ex qu’elle n’avait pas revu depuis tellement de temps, plus précisément depuis qu’il était parti. Pour qu’il la reconnaisse, mais aussi pour qu’elle n’ait pas à dire un seul mot, elle fit quelques pas en avant, jusqu’à ce qu’elle soit enfin dans la lumière et qui voit qui elle était. C’était très surprenant de le revoir ici quand on sait que c’était à de nombreux kilomètres d’ici qu’ils étaient sortis ensembles pendant quelques mois.

Au bout de quelques minutes pendant lesquelles Trévis regarda très étonné Sarah, qui se tenait, tout aussi silencieuse que lui et qu’à l’accoutumée, devant lui. Elle finit par reculer en constatant qu’aucun mot semblait ne vouloir sortir de sa bouche, et alla s’asseoir dans l’ombre une fois de plus. Elle fit revenir contre sa poitrine ses genoux qu’elle entoura avec ses bras, silencieuse. Elle ferma doucement les yeux. Elle était partagée entre deux choses : d’un côté, elle espérait que Trévis lui parlerait, dirait quelque chose, n’importe quoi, mais d’un côté elle espérait qu’il partirait, retournerait à ses occupations et oublierait sa présence, comme il l’avait très certainement oubliée lorsqu’il était parti, se rendant compte que Sarah l’appréciait un peu trop, ne souhaitant pas une relation trop sérieuse.

Elle rouvrit les yeux, observant les réactions de Trévis. Il avait l’air toujours aussi étonné, on aurait dit qu’il allait rester indéfiniment figé ainsi, mai peut-être que non, après tout Sarah ne pouvait prévoir aucune de ses réactions. Peut-être allait-il se demander pourquoi est-ce qu’elle ne prononçait aucun mot, pourquoi est-ce qu’elle se tenait à l’écart, tapit dans l’ombre ? Si c’était le cas, et qu’il s’aventurait à lui poser, elle ne lui répondrait pas, elle ne pourrait pas, et intérieurement, elle espérait bien qu’il ne lui poserait pas une seule de ces questions.