Orages en prévision { Amber

Cela faisait dix bonnes minutes que je venais de quitter mon chalet. Dehors, de gros nuages gris se dessinaient dans le ciel. Même s’il ne pleuvait pas encore, j’étais pourtant certain que ça n’allait pas durer. C’était la première depuis que j’avais mis les pieds dans ce camp, qu’il faisait aussi frais. Bon, ce n’était pas non plus un temps à se geler vraiment, mais j’avais déjà connu des temps un peu plus chaud … Fermant ma veste noire jusqu’en haut, je mis mes mains dans les poches de mon survêtement avant de filer en direction de la plage. Je ne savais pas vraiment où je voulais aller. Tout ce que je savais, c’est que j’avais besoin de prendre l’air. Tous les jours, je sortais faire un tour dans le camp, histoire de me dégourdir un peu les jambes. Rester enfermé toute la journée à ne rien faire, ce n’était pas vraiment mon truc ! Depuis que j’avais arrêté ma carrière professionnelle de danseur, j’avais besoin de m’entretenir à ma façon. La marche, c’est-ce que j’avais trouvé de mieux à faire ici.

Après avoir fait mon petit tour sur la plage, je revint directement vers mon chalet. Malgré le froid qui persistait à l’extérieur, je serais surement mieux à l’intérieur ! Et puis, il y avait trop de monde sur la plage pour que je puisse me balader tranquillement alors … Alors que j’allais rentrer dans ma chambre, j’entendis des bruits assez suspects provenir de la chambre d’à côté. Bah, au moins, mon colocataire lui s’éclatait ! Sans prier garde, je ressortais tranquillement du chalet. Soufflant un bon coup, je ressortais pour marcher une nouvelle fois dans tous les sens. Cette fois-ci, j’avais un but : la forêt. Je ne savais pas vraiment pourquoi je devais me rendre là bas. Tout ce que je savais, c’était que je devais m’y rendre. Pour y accéder, il fallait traverser tout le camp. Ce que je fis en un temps record. J’entendais déjà le tonnerre se rapprocher de plus en plus de l’île.

_ S’il pleut, je jure de le tuer !

Si mon colocataire n’était pas en train de faire ce qu’il faisait en ce moment, je serais déjà au sec sous une couverture bien chaude ! Quelques minutes plus tard, j’étais déjà à l’orée de la forêt. Même si je savais très bien que la pluie n’allait pas tarder à me tomber dessus, je persistais tout de même dans ma démarche. Plus j’avançais, plus j’avais l’impression de tourner en rond. Pourtant, j’avais toujours eu grand sens de l’orientation … Mais comme tout le reste aujourd’hui, il avait dut me lâcher. Et en beauté, en plus de cela ! Jurant tout seul dans mon coin, je m’arrêta lorsque j’entendis un cri. Il ne m’était même pas venu à l’esprit que je ne devais pas être le seul dans cette forêt … Croyant à un mirage, je continuais alors jusqu’à ce que j’aperçoive quelque chose au loin. Ne sachant pas vraiment ce que c’était, je continuais d’avancer, toujours borné dans une quête invisible.

Ce n’est que quelques pas plus loin, que je me rendis compte qu’il s’agit non d’une chose, mais plutôt d’un homme. Il était de dos, donc je ne pouvais pas distinguer mon visage. Etant donné que c’était lui qui avait crier, je ne réfléchis pas et fonça vers lui. Enfin, à pas assez lent tout de même. Quand je me rapprocha, je distingua de longs cheveux blonds. L’homme était une femme, en fin de compte. Elle était en train de se masser la cheville. Voilà pourquoi elle avait crier. Elle s’était tout simplement tordue la cheville … M’approchant encore, je m’agenouilla devant elle sans pour autant regarder son visage. C’est vrai que sa cheville n’était pas jolie à voir … Massant doucement son pied, je me mis alors à lui adresser la parole, sans pour autant regarder cette inconnue.

_ Vous vous êtes fait ça comment ?

[HJ : désolée pour le retard =s]

Que faire dans ce camp ? C’était ma plus grande préoccupation, et le pire c’est que la réponse, je ne l’avais pas et pourtant je la cherchais avec acharnement ! Mais en vain jusqu’à présent. C’était tout à fait désespérant. J’avais laissé depuis un bout de temps mon goût pour les relations d’un soir et je n’avais donc rien à faire, c’était l’ennui total ! J’avais tout un tas de questions qui se bousculaient dans ma tête, je ne trouvais d’ailleurs de réponses pour aucune d’entre elles. L’une des principales était : pourquoi étais-je venue ici ? Par contre, pour celle-là, je l’avais la réponse…Si j’étais venue ici, c’était tout simplement parce que je voulais m’amuser, retrouver ma joie de vivre que j’avais eu pendant si longtemps. Enfin j’étais toujours heureuse de vivre, ça allait de soit, mais je ne passais plus mes journées à chercher ma future conquête que je pourrais ajouter à mon tableau de chasse.

C’est en soupirant que je me levai de mon lit. Je tournai la tête pour voir l’heure et fut très surprise quand je constatai qu’il n’était que deux heures de l’après-midi. Ben dis donc ! Qu’est-ce que le temps passait doucement ici, c’était d’un agaçant. Je me levai silencieusement, pour éviter de déranger ma « colocataire » de chalet. J’allai en direction de la salle de bain pour prendre une douche et faire toute ma toilette. Quelques minutes plus tard, je ressortis, habillée avec un jean, un débardeur noir et des baskets. Je me demandai toujours ce que j’allais faire pour faire passer le temps cet après-midi là, et je me coiffai rapidement. Mes longs cheveux blonds et bouclés tombant en cascade dans mon dos, je sortis prendre l’air. Soudain, j’eus une idée. Pourquoi ne pas aller me balader en forêt ? Il n’y aurait personne pour me gêner et je serais tranquille là-bas, peut-être que le temps passerait même plus vite ? Je n’en avais aucune idée, mais je marchais dans la direction que j’avais choisie. Pendant une ou deux heures, je marchais tranquillement, passant entre des arbres, sautant par-dessus des trous dans le sol. Mais plus le temps passait, plus il faisait sombre dans la forêt, et l’atmosphère était humide, pesante. La peur s’emparait petit à petit de moi et il m’arrivait de trottiner, pour éviter de me perdre. Je marchai en sens inverse, du moins c’est ce que je pensais. Je ne savais plus d’où je venais, et n’avais aucune idée de si je marchais dans la bonne direction ou non. Ici, tout se ressemblait.

Je finis par courir carrément, la forêt m’effrayant au plus haut point. J’avais été stupide finalement de venir ici. J’aurais du deviner que sans un sens de l’orientation irréprochable, que je n’étais pas dotée du tout, je ne pourrais que me perdre ici, ce qui m’arrivait d’ailleurs en ce moment même. Je n’osais même pas le penser, ça m’effraierait encore plus que je ne l’étais déjà. Autour de moi, je tentais de faire comme si je n’entendais que mes bruits de pas, mes il y avait énormément d’animaux autour de moi, j’en étais persuadée. A un moment, je perçus clairement des bruis de branches craquer derrière moi, je me retournai, et me prit le pied dans une pierre. Je tombais en avant, et une douleur traversa mon pied, je venais de le tordre. Je poussai un cri, sans vraiment m’en rendre compte. Je m’assis sur le sol, quelqu’un finirait bien par passer par là, je savais que je ne pourrais pas poser mon pied par terre dans la minute qui suivait. A présent que je ne bougeai plus et ne faisait plus aucun bruit, j’entendais encore plus clairement les bruits autour de moi. J’enlevai ma chaussure et ma chaussette que je jetai plus loin, de toute façon, elle était foutue. Je massai mon pied, ne cessant de jeter des regards inquiets autour de moi. De l’eau qui coulait, des branches qui craquaient, la forêt regorgeait très certainement d’animaux, et ce n’était pas pour me rassurer. Un coup de vent frais vint secouer mes cheveux et je frissonnai, je n’avais pas pris de veste, maintenant, je le regrettais. Soudain, des bruits de pas furent bien plus clairs : quelqu’un approchait. Je soupirai de soulagement quand la personne qui approchait s’accroupit vers moi. Je le reconnus immédiatement, sa voix, sa tête, son odeur, je les reconnaîtrais entre milles.

" Cameron ? Je…j’ai trébuché. "

Si tout ceci se passait des années auparavant, je ne me serais surement pas arrêté pour une simple histoire de cheville foulée. Certes je me serais surement arrêté, mais juste dans l’intention de savoir si la personne blessée avait quelque chose à grignoter sur elle. Pas très mali, vous voyez ? Mais heureusement - ou malheureusement - pour la jeune femme qui se trouvait par terre, j’avais changé depuis quelques années. Je n’étais plus le gamin aussi con et insensible qu’à l’époque … J’avais grandi en faite, tout simplement ! Bref, revenons à nos moutons. Alors que je massais doucement la cheville de la demoiselle, je m’arrêta immédiatement quand je l’entendis prononcer mon prénom. Alors soit elle était très douée pour deviner les prénoms des personnes, soit nous allions avoir un problème ! C’est vrai quoi, cela ne faisait que quelques jours que je me trouvais dans ce camp. Et aussi loin que mes souvenirs remontent, je n’avais jamais eu à faire à une blonde. Etrange tout cela !

_ Comment connaissez-vous mon …… Nom.

Je n’avais même pas réussi à terminer ma question. La fin de ma phrase c’était perdu dans le son très faible de ma voix. Je n’arrivais tout simplement pas à le croire ! Ce n’était pas possible ! Finalement, j’avais déjà eu à faire à cette demoiselle … Même beaucoup de fois. Mais cela remontait tellement loin, que j’avais dut mal à me rappeler la première fois que nos regards s’étaient croisés. Certes je n’aurais certainement pas eu trop de mal à la reconnaître. Mais elle, elle n’avait pas hésité une seule seconde ! Sans vraiment m’en rendre compte, je reculais de quelques pas. Sa cheville foulée, je l’avais complètement oubliée ! Je ne savais même pas pourquoi je m’étais reculé … A y réfléchir, c’était assez débile même ! Ce n’était pas comme si cette fille était capable de lancer des éclairs et me foudroyez d’un simple clignement d’œil … Si ?! Quoi qu’il en soit, je n’arrivais pas à détacher mon regard du sien. J’avais oublié toute la beauté et le charisme qu’elle pouvait dégager … Elle ressemblait toujours à l’adolescente que j’avais connu. Mais jusqu’à quel point n’avait-elle pas changer ?

_ Amber euh … Merde, je ne sais même pas quoi dire en faite ! Ca fait longtemps dis donc …

C’est vrai, beaucoup de choses c’étaient passées depuis notre dernière rencontre. Je n’arrivais même pas à mettre le doigt dessus en faite. Tout ce que je me rappelais, c’était que notre dernière dispute avait très très mal finie. En même temps, on passait notre temps à nous prendre la tête alors … A l’époque, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi elle me portait tant d’attention. Moi, simple lycéen sans histoire. Miss Parkson était connus de tous là-bas. La super bombe que tous les beaux mecs s’arrachaient. Le pire, c’est qu’ils l’avaient tous ! Bref, je ne voulais pas apparaître à mon tour sur son tableau de chasse. Ce genre de truc, ce n’était vraiment pas pour moi. Faisant comme s’il s’agissait de n’importe quelle femme perdue dans les bois, je me rapprochais d’elle. Il fallait mieux que l’on parle d’autre chose que nos mauvaises années de lycée … Ou du moins, c’était mieux pour moi !

_ Tu penses réussir à marcher ? Même si l’idée de te laisser seule dans les bois m’enchante, je ne suis pas aussi méchant que ça. Il va bien falloir qu’on rentre au camp.

Quand je levai les yeux pour voir la personne qui allait me tirer d’une très sale affaire, je fus très surprise de me retrouver face à Cameron. Je ne l’avais pas revu depuis des années et je dois avouer que le revoir ici, en plus en train de m’aider, me fit beaucoup de bien. Vous pensez peut-être que j’en fais trop, mais ce n’est pas le cas du tout ! A l’époque où j’avais rencontré Cameron, à l’époque du lycée, j’étais une fille qui profitait de la vie, et j’étais donc très fêtarde. J’enchaînais les conquêtes, profitant de mes atouts, mais quand je l’ai rencontré lui, tout a été différent. Je le trouvais magnifique, plus beau encore que tous les playboys que j’avais pu rencontrer jusqu’à présent. J’avais tenté de le séduire, en vain, il semblait ne pas être comme les autres, et ne voulait pas céder. J’avais finis par abandonner, à mon plus grand dépit, je m’étais rendue compte que je l’aimais un peu trop. A partir de ce jour, les aventures d’un soir…c’était terminé pour moi, et je tentais de l’oublier. J’avais cru que c’était mission réussi, mais le revoir, ça me fit remonter à la surface les vieux sentiments, j’allais bien m’amuser au camp ! Dire que j’étais venue ici pour retrouver la joie que j’avais à enchaîner les conquêtes, mon plan avait lamentablement échoué, je ne réussirais plus à rien s’il était là !

Je fus si surprise de le revoir, que je dis son nom à haute voix. Il sembla ne pas me reconnaître immédiatement, mais il leva la tête, abandonnant mon pied, et demanda comment je connaissais son nom. Sa voix baissa d’intensité sur le dernier mot qu’il prononça, et il recula de quelques pas. Quel charmant accueil ! Je levai les yeux au ciel. Je le fixai moi aussi, ne bronchant pas et ne tournant pas le regard, il était toujours aussi beau. Je secouai la tête, ne voulant pas paraître pour une débile. _ Amber euh … Merde, je ne sais même pas quoi dire en faite ! Ca fait longtemps dis donc … Je ne pus m’empêcher de sourire quand il dit qu’il ne savait même pas quoi dire. L’accueil s’améliorait quelque peu, du moins c’est ce que je pensais, peut-être que l’orage arriverait après. Je n’arrivais pas à prononcer un seul mot, tant j’étais ébloui par sa beauté. Je préférais tourner la tête et regarder les arbres autour de moi.

« Oui…ça fait longtemps. »

Je regardais toujours autour de moi, les lèvres pincées. Nous ne nous étions pas vraiment quittés en de bons termes là derniers fois que nous nous étions vus. Une énième dispute, ne menant à rien, comme d’habitude. Je fronçais les sourcils et tournai la tête vers lui. Il s’approcha de moi mais mon sourire se figea bien vite sur mon visage lorsqu’il dit que l’idée de me laisser seule ici l’enchantait, mais qu’il n’était pas aussi méchant que ça.

« Pas la peine, si tu le souhaites tu peux partir ! Je n’en aie rien à faire de ton aide ! Je peux me débrouiller seule ! »

Je me levai en m’agrippant à un arbre, lui tournant ainsi le dos. Je fis à pas en avant, mais faillis trébucher, je me rattrapais à l’arbre et grimaçait. S’il le fallait, je marcherais ainsi jusqu'au camp, peu importe, mais je ne voulais pas de son aide s’il ne voulait pas me la donner ! Je ne voulais surtout pas qu’il se force.

« Allez, pars ! Retourne au camp ! »

Mentir ce n’était vraiment pas mon truc, quand je lui avais dit que je n’en avais rien à faire de mon aide, j’espérais que j’avais réussi pour une fois, à mentir et qu’il m’avait cru. Bien sur que si j’avais besoin de son aide, mais ça, je ne lui dirais pas !

J’avoue que ma réaction était un peu excessive. Un peu beaucoup en faite. Mais même après toutes ces années où j’avais perdu Ambre de vue, je me méfiais toujours d’elle. D’après ma réaction, on aurait put penser que j’avais tout simplement peur de la jeune femme. Mais ce n’était pas de la peur que je ressentais à son égard. C’était plus de la méfiance. Je ne connaissais que trop bien toute ses petites combines pour embobiner quelqu’un. N’oublions pas qu’elle avait essayé mainte et mainte fois avec moi. Mais pourtant, je devais reconnaître que le passé, c’était le passé. A l’heure d’aujourd’hui, Ambre était surement mariée, ou un truc dans le même genre. Une fille comme elle ne restait pas bien très longtemps célibataire à Londres. Tout le monde devait se l’arracher, comme à l’époque du lycée. Tout le monde sauf moi bien sur. Jamais je n’allais nier qu’elle n’était pas jolie à regarder. Elle était même plus que cela d’ailleurs ! Mais si elle n’avait pas changer d’un pouce comme je le pensais, les choses ne risquaient pas de s’arranger entre nous. Et ce n’était pas parce qu’on était sur île des plus magnifiques de notre planète que ça allait changer quelque chose !!

_ Je ne me rappelle-même pas la dernière fois qu’on s’est croisés … Remarque, il vaut mieux peut-être, vu comment ça à dut se finir !

Bon, ce n’était pas tout à fait vrai je vous l’accorde, mais Miss Parkson n’était pas obligé de la savoir ça … Ce n’était pas vraiment un mensonge. Je déformais plutôt la vérité, nuance ! Quoi qu’il en soit, j’avais été des plus désagréable avec elle en lui parlant de cette manière. Mais j’étais toujours resté le même à ce niveau-là. J’avais été et je serais toujours aussi franc. La jeune demoiselle devait bien le savoir depuis le temps … C’est vrai que même si elle aurait put rentrer toute seule jusqu’au camp, je n’allais pas la laisser comme ça. D’ailleurs, elle n’allait pas tarder à me demander de l’aider à marcher, je le sentais bien comme ça. Ah ben finalement non, ça ne se passa pas ! Au lieu de me demander mon aide, elle préféra largement me remballer et me dire de rentrer au camp sans elle. Non mais à quoi elle jouait là ? Comme si j’allais laisser une demoiselle avec une cheville foulée toute seule en pleine forêt. D’ailleurs, un orage gronda au dessus de leur tête à ce moment-là. Bon, tant que l’orage restait seulement dans le ciel et pas entre nous, c’était déjà pas mal, on n’allait pas en demander d’avantage aujourd’hui hein !

_ Ouais bien sur, et quand tu arriveras ta cheville sera aussi grosse que ta tête ! Allez grimpes sur mon dos, et fais pas ta gamine.

Je m’étais approchée d’elle tout en parlant. J’avais bien remarqué ses quelques pas qu’elle avait essayé de faire. En vain bien entendu. Au bout de trois pas, elle avait dut se rattraper à l’arbre le plus proche pour ne pas tomber … bravo Ambre ! Me mettant devant elle, je savais bien qu’elle allait s’opposer à mon idée. Mais l’idée de la porter dans mes bras jusqu’au camp ne m’enchantait gère en faite ! Non pas qu’elle était trop lourde pour moi, mais juste que je n’avais pas envie de me prendre une baffe quand je la porterais … Moi parano ? Nooon, jamais ! Alors que j’attendais qu’elle grimpe, elle n’en fit rien. Soufflant sur place, je me retournais pour lui faire face. Je n’avais qu’une seule envie, qu’on en finisse ! Mais je ne voulais pas la forcer non plus. Je n’étais pas du genre à forcer qui que ce soit de toute façon alors … Mais cette fois-ci, c’était vraiment pour l’aider.

[HJ : désolée c'est court :s]

Je trouvais sa réaction tout à fait puérile et préférais lui dire de rentrer seul, de me laisser là comme il a dit que ça lui ferait plaisir de faire. J’insistais, tentais d’avancer de quelques pas, et finalement, me rattrapais à un arbre un peu plus loin, pour éviter de tomber. S’il ne souhaitait pas vraiment m’aider, qu’il parte, je n’avais pas besoin de son aide, même si là je mentais, et surtout, me mentais à moi-même. J’avais besoin de Cameron, autant à cet instant précis, autant dans la vie de tous les jours, mais ça, il était loin de s’en douter. J’étais certaine que lui me détestait, et ça me rendait folle de rage, je ne savais même pas pourquoi ! J’avais même parfois l’impression qu’il m’en voulait, je me trompais peut-être, je n’en avais aucune idée, il ne me l’avait jamais dit en face. Quand il dit qu’il ne se rappelait pas la dernière fois que l’on s’était vus, j’eus l’impression de prendre une grosse claque, il me détestait vraiment, ça se voyait. Moi, je me rappelais parfaitement la fois où l’on s’était vu pour la dernière fois avec Cameron, en même temps, avec toutes les choses horribles qu’il avait pu me dire, je ne doutais pas une seule seconde que je me souvenais de chaque mots prononcés ce jour-là, bien que j’ai toujours essayer de ne pas y penser.

« Moi je m’en rappelle parfaitement… »

J’entendis ma voix dérailler sur le dernier mot, comme s’il avait été trop difficile à prononcer. Cameron se tenait toujours aussi loin de moi, les pas qu’il avait fait en arrière lorsqu’il m’avait reconnu, m’aidèrent à mieux comprendre : Cameron ne me détestait pas, il me haïssait. Mais pourquoi ? Je préférais jouer la carte de la fidélité et lui demander carrément, ça serait plus simple pour tout le monde.

« Cameron…pourquoi est-ce que tu me détestes à ce point ?

Je levai la tête et le regardai dans les yeux, guettant une réaction de sa part. Elle leva les yeux au ciel lorsqu’elle entendit l’orage éclater au dessus d’eux, il ne pleuvait pas encore, tant mieux. Elle fit quelques pas en avant, lui disant une fois de plus qu’il pouvait, et devait, partir. _ Ouais bien sur, et quand tu arriveras ta cheville sera aussi grosse que ta tête ! Allez grimpes sur mon dos, et fais pas ta gamine.. Je me retournai pour lui lancer une pique, et fut très surprise de constater qu’il était tout proche de moi, je pouvais presque le toucher. Je secouai la tête, perturbée, et me retournai pour regarder devant moi.

« Je n’ai pas la grosse tête ! Tu as des préjugés, arrête ! Je ne monterais pas !

J'avançai encore un peu, jusqu’à ce que Cameron se retrouve face à moi, de dos. Je soupirai. Lorsqu’il en fit de même, et se retourna pour me faire face, je levai les yeux au ciel. J'haussai les épaules, mimant l’innocence.

« J’avais dit que je ne monterai pas »

Je fis un pas en avant, et faillis tomber, trébuchant sur une pierre, je me rattrapai de justesse au bras de Cameron.

« Désolée »

J'en étais toujours au même point : devant l’arbre auquel je m’étais rattrapée un peu plus tôt. Je me laissai glisser le long de son tronc et m’assit par terre. Peu importe si mes vêtements étaient sales, je ne voulais pas que Cameron me porte, tout en sachant qu’il ne le souhaitait pas vraiment, et préférerait me laisser seule ici. A cette pensée, j'avalai difficilement ma salive, et bientôt, je reçus une goutte, génial ! Maintenant il commençait à pleuvoir.

La situation devenait de plus en plus embarrassante. Je ne savais pas comment faire pour me sortir de ce pétrin. Si j’avais sut, je ne serais surement pas venu faire mon petit tour par ici … Revoir Ambre me prodiguait un vrai pincement au cœur. Cela me rappelait l’époque où ma vie allait bien, où je ne connaissais pas encore la vérité. Mais la vérité qu’elle était-elle vraiment ? J’avais quelque part un frère jumeau, qui me ressemblait autant que moi je lui ressemblais. De plus, celle que je croyais être ma famille ne l’était pas du tout. Il m’avait kidnappé lorsque j’avais cinq ans … Lorsque je regardais Ambre dans les yeux, c’était exactement à cela que je pensais. Cela me faisait plus de mal qu’autre chose ! Lorsqu’elle parla, je ne l’écouta qu’à moitié. En faite, je remarqua que je ne l’écoutais pas du tout. Enfin, jusqu’à ce qu’elle m’appela pour la deuxième fois par mon prénom. Des moments comme ça, c’était assez rare. Mes amis proches m’appelait Cam’ les trois quarts du temps. Cameron résonnait faux dans la bouche de la jeune demoiselle … Je resta cependant bouche bée lorsque sa voix finit de se briser.

_ Hein ? Mais de quoi tu parles ? Qui a dit que je te détestais ?!

Sur le coup, je resta stupéfait et surtout bouche bée. La Miss Parkson continuait de me fixer, quant à elle. Je ne savais plus qui et où regarder. Enfin à part elle, je ne voyais pas qui regarder en faite … Je ne comprenais même pas ce qu’elle me disait ! Pourquoi est-ce que je la détesterais d’abord ?! Bon d’accord, Amber n’était la personne que j’appréciais le plus sur cette planète, mais de la à la haïr, c’était quand même assez gros ! Ce que je n’appréciais pas, c’était sa manière d’être. Ses façons de faire avec les hommes. Bref, tout ce genre de trucs. Je ne connaissais rien d’elle à part tout ce que tout le monde disait à son sujet. Ouais super, voilà qui allait beaucoup m’aider me diriez-vous ! A mesure que nous parlions, le temps se dégradait au dessus de nos têtes. Il n’allait pas tarder à pleuvoir, je le savais. Je m’étais placé devant la jeune femme pour lui permettre de la porter plus facilement. La porter sur mon dos serait beaucoup plus facile qua dans mes bras. J’attendis donc qu’elle grimpe, mais la jeune demoiselle n’en fit rien. Me retournant pour lui faire face une nouvelle fois, j’affichais une moue assez déçu et surtout très impatiente. Tout ce qui me représentait.

_ Je n’ai pas de préjugés Ambre ! C’est toi qui ne sait pas voir la vérité en face !

J’avais été et je serais toujours quelqu’un de très impatient. La patience était une qualité. Mais je ne la possédais pas. Je sentais bien que l’orage au dessus de nos têtes n’allait pas être le seul à éclater. Je n’avais pas envie de me prendre la tête ce soir. Mais si ça continuait comme ça … Alors qu’il commençait doucement à pleuvoir, Ambre faillit chuter en avant en essayant de se dégager de moi. Si l’on regardait la scène de l’extérieur, on pourrait penser que j’allais l’agresser, ou quelque chose comme ça. Ce qui n’était pas du tout le cas en vérité. Soufflant alors bruyamment, je regardais sa main posée sur mon bras. C’était la première fois qu’elle me touchait. Un frisson parcouru mon corps lorsqu’elle le fit. Elle était désolée … Ouais, comme si c’était ça qui allait tout arranger ! Je ne savais plus quoi faire. J’avais envie de rentrer au camp. Mais je ne pouvais pas laisser la jeune femme ici. En plus, il pleuvait de plus en plus fort … Alors que je ne commandais mes gestes qu’à moitié, je pris Ambre dans mes bras, et commença à faire quelques pas.

_ Ecoutes, je n’ai pas envie de parler du passé maintenant. On verra ça plus tard. Et mais arrêtes de gigoter dans tous les sens !

J’étais très bien ici, enfin pas si bien que ça, j’avais mal à la cheville, mais revoir Cameron m’avais fait beaucoup de bien. Même si à présent j’étais certaine d’une chose. J’avais été persuadée pendant tant de temps que ce que j’avais pu ressentir pour Cameron avait été que de passage, à présent que je me retrouvais face à lui, que je pouvais le voir, le sentir, le toucher, je me rendais compte que je ne l’avais jamais oublié, et ça risquerait de ne jamais arrivé. Le pire dans tout ça, était peut-être la façon qu’avait Cameron d’être avec moi, il me donnait l’impression de me détester, et que, comme il l’avait dit, qu’il préférerait me laisser ici seule, la cheville foulée, plutôt que de me ramener en me portant. Si c’était ce qu’il souhaitait…Je n’avais jamais compris, et ne comprenais toujours pas pourquoi il me détestait à ce point. Plutôt que ruminer pendant encore de longues interminables, je préférais lui poser directement la question. Il resta quelques instants bouche bée, apparemment surpris de ce que je venais de lui demander. Finalement, il lui demanda qui avait dit qu’il me détestait, en gros, que ce n’était pas le cas. Mouais…heureusement qu’il ne voulait pas se lancer dans le métier d’acteur, si ce n’était pas le cas, après tout, elle ne savait rien de lui, et elle devinait que lui non plus. Enfin, il devait juste connaître ce que les autres disaient de moi, à l’époque, avant que je ne le rencontre lui.

« Ah ouais ? Et pourquoi tu préférerais me laisser ici dans ce cas ? »

Je le regardais dans les yeux et ne put que constater qu’il semblait carrément gêné, je me demandais si c’était par rapport au fait qu’il mentait qu’il était aussi mal à l’aise. Je préférais cesser de le fixer, et me détournais, pour regarder le ciel qui était plutôt gris foncé, le temps ne tarderait pas à se dégradait, jusqu’à ce qu’il pleuve carrément. Ca ne m’étonnerait même pas que nous soyons encore là lorsque ça arriverait, vu la tournure que prenaient les évènements. Je regardais en silence Cameron me tourner le dos, attendre que je monte, en vain. Il se retourna, apparemment déçu et contrarié. Je mimai l’innocence, haussant les épaules, et lui dit une fois de plus que je ne monterai pas sur son dos, je n’avais aucune raison de le faire. Il me fit que j’avais la grosse tête, ce qui avait le don de m’énerver : je détestais les gens qui avaient des préjugés, bon lui je savais que, malheureusement, je ne le détesterais pas pour ça, mais ça m’énerva quand même et je lui dis qu’il avait des préjugés, que je n’avais jamais eu, et que je n’aurais jamais la grosse tête. Ce n’est pas parce que j’enchaînais les conquêtes d’un soir, avant…, que j’avais la grosse tête, il disait n’importe quoi ! _ Je n’ai pas de préjugés Ambre ! C’est toi qui ne sait pas voir la vérité en face ! . Je fronçais les sourcils, il commençait vraiment à me taper sur le système !

« Arrête de dire ce genre de choses. Tu ne sais rien de moi, tu ne me connais pas. »

C’est vrai, qui était-il pour me juger ? Bon ok, pour moi il était très important, bien plus qu’il ne pouvait le penser, et pourtant je n’acceptais pas qu’il me dise ça, c’était carrément vexant, surtout sortant de sa bouche. Je cessais de le fixer et fit quelques pas en avant, pour partir loin de lui, et ne pas me prendre la tête ce soir. Mais je me pris le pied dans un caillou et faillit tomber en avant, pour me rattraper, j’attrapais le bras de Cameron. Je m’excusai, le regardant. Je le vis regarder ma main, posée sur son bras. Le frisson qui le parcourut me surpris énormément, et je me détournai rapidement. Je m’installai par terre, m’adossant au tronc d’arbre, pour ne plus avoir à le regarder. Bientôt, comme je l’avais pensé plus tôt, il se mit à pleuvoir à grosses gouttes, l’eau dégoulinant, les cheveux d’Ambre foncèrent, tombant lamentablement sur ses épaules. Elle ferma les yeux, et soudain, elle se sentit soulever et bouger, alors qu’elle n’avait rien fait. Elle ouvrit les yeux, et constata qu’elle se trouvait dans les bras de Cameron. Elle se débattit pour qu’il la lâche, en vain, il était bien plus fort qu’elle et elle savait qu’elle n’arriverait à rien. _ Ecoutes, je n’ai pas envie de parler du passé maintenant. On verra ça plus tard. Et mais arrêtes de gigoter dans tous les sens !.

« Ouais c’est ça…on verra plus tard ! Et si tu veux que j’arrêtes de « gigoter dans tous les sens », tu n’as qu’à me lâcher et me laisser ici !»